Cette intervention aborde les images de la justice et de la police dans les actualités filmées françaises entre 1946 – date de la fin du monopôle de l’état – et 1958 – le début de la Cinquième République mais aussi d’une époque où la télévision commence à sérieusement concurrencer le cinéma en France. Ces sujets, suffisamment politiques pour être perçus comme sensibles par les représentants du gouvernement, sans pour autant relever d’un tabou absolu, permettent l’analyse de deux traits caractéristiques des actualités de l’époque. D’une part, une censure stricte mais officieuse : en l’absence d’un cadre légal, les producteurs des actualités projettent leurs bandes devant un comité de représentants de plusieurs ministères chaque semaine avant leur sortie en salles. Il s’agit d’une forte incitation à l’autocensure et une dernière chance pour que les représentants du gouvernement expriment des réserves quant au contenu des reportages. D’autre part, les actualités filmées constituent un véritable vecteur de propagande. Les reportages sur la justice et la police ont tendance à dépolitiser leur sujets et à promouvoir les politiques menées par les gouvernements successifs. Au fur et à mesure l’épuration et les procès de crimes de guerre disparaissent des écrans, des reportages sur des faits divers prennent leur place. Au sein de ces reportages, la vision globale de la justice, aseptisée et quasi-officielle, est nettement différente de celle qui est distillée dans la presse écrite ou encore dans le cinéma de fiction.